vendredi 27 août 2010

Beatles for sale : à vendre ou à laisser

À la suite du succès artistique et commercial phénoménal de A Hard Day’s Night, dont John Lennon peut légitimement s’enorgueillir (il est à l’origine de dix des treize pièces originales de l’album inspiré du long-métrage du même titre), les Beatles, en pleine période de tournées, sont poussés un peu précipitamment dans les studios par leurs obligations contractuelles.  Il faut vite profiter du boom du temps des fêtes.


Nul doute qu’il faille invoquer ce motif comme principale raison de leur activité artistique dans ce qui demeure l’album le moins inspiré de leur impressionnante discographie.  On a suffisamment raillé le choix du titre pour en rajouter.  Ce disque, avec son relief country western à prime abord peu compatible avec la musique du groupe, n’en recèle pas moins quelques perles qui côtoient malheureusement de banals cailloux.

No Reply, de Lennon, était initialement prévu comme quatorzième titre de A Hard Day’s Night, qui n’en compte que treize, un de moins que les standards de Parlophone, leur compagnie britannique.  Cette balade d’amour contrarié introduit l’improbable et entraînant I’m A Loser, l’une des premières incursions d’un John introspectif, influencé cette fois par Bob Dylan, qui allait trouver une première plénitude avec l’album Ruber Soul. 

La sauce commence à figer dès l’affligeant Baby’s In Black, qui précède la première des six reprises de l’album avant que la bucolique I’ll Follow The Sun, de Paul McCartney, ne vienne trancher sur la morosité grandissante du disque.

Pour ne pas être en reste avec le succès de I Feel Fine, composition de Lennon parue en simple, McCartney enchaîne avec Eight Days A Week, sympathique mais peu convaincante.  Quant à What You’re Doing, de Paul également, elle ne représente en rien un exploit au palmarès de l’un des auteurs-compositeurs les plus accomplis de son époque.

Mieux vaut ne pas s’étendre sur les dernières compositions du groupe, Every Little Thing et I Don’t Want To Spoil The Party, presque facultatives.

En l’absence de l’une de ses compositions pour le deuxième album consécutif, George Harrison parodie sa popularité naissante avec Everybody Wants To Be My Baby tandis que Ringo implore l’élue de son coeur d’épargner sa sensibilité meurtrie avec Honey Don’t, de Carl Perkins.  Deux reprises valables, mais sans plus.

McCartney réussit à déployer un enthousiasme contagieux avec Kansas City, avant que le groupe ne nous gratifie de la plus belle harmonie vocale de l’album avec la veloutée Words Of Love.  Ces deux morceaux représentent probablement les moments les plus achevés parmi les reprises.

Finalement, si Beatles For Sale n’a rien d’un album marquant des Fabs, il représente un intermède digne d’intérêt avant la remontée amorcée avec Help! et accomplie avec l’éclectique Rubber Soul, puis l’étincelant Revolver qui, aux yeux de l’auteur de ces lignes, demeure nettement plus riche que le surfait Sgt Pepper’s.

Rétrolivier paru le 18 novembre 2008 dans Amazon.fr.

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