samedi 20 décembre 2014

Un conte de Noël féministe…

Le premier décembre de l’an passé, la militante universitaire Fay Mean-East s’était levée en proie à une illumination qui allait accentuer ses instincts militants, déjà si aiguisés en ce milieu de temps des fêtes féministe.  Comme chacun sait, une neuvaine de sensibilisation commence chaque année le 25 novembre avec la Journée de lutte à la violence faite aux femmes, pour connaitre son apothéose le 6 décembre, et même au-delà, avec la tragédie de Polytechnique, moment idéal pour revendiquer à l’État Noël des budgets augmentés ou additionnels au nom de la si légitime et inusable cause des femmes.

Le père Noël, suppôt du patriarcat !
Il serait difficile d’évaluer avec justesse les millions de dollars que Marc Lépine a pu faire rentrer depuis 1989 dans les coffres des groupes féministes, mais il est évident que ces derniers lui restent plus que redevables dans l’édification d’un féminisme d’État fort, omniprésent et onéreux.  S’il savait, l’idiot se retournerait dans sa tombe.  Selon les sujets séditieux du groupe « masculiniste » l’Après-rupture, le féminisme d’État couterait environ 600 M $ par an au contribuable québécois.  Du point de vue de Mme Mean-East cependant, il s’agit d’un bien mince tribut à payer afin de redresser les torts causés par la vaste infamie patriarcale millénaire qui opprime toujours si obstinément les femmes à travers la planète.

Dans son inlassable quête de sensibilisation à cette atrocité, la chercheuse, sans cesse à l’affut de sujets inédits, avait alors revendiqué ce premier décembre une augmentation de budgets de recherches féministes à Lukewarm University, où elle disposait d’une modeste chaire au cout famélique d’un million $ répartis sur trois ans.  Malgré le sous-financement qui l’affligeait, Mme Mean-East avait réussi à se démarquer avec des parutions aussi éclairantes que De la toxicité du vernis à ongle envisagée comme une arme d'oppression phallocratique et Les agressions sexuelles sournoisement infligées aux secrétaires par chaises de bureau interposées.  Ces deux opus avaient fait sensation dans les milieux consacrés aux sciences dites molles en plus de contribuer à établir la notoriété de l’auteure.

Le père Noël, suppôt du patriarcat…

Outrée de constater que les garçons éprouvaient toujours autant de plaisir à jouer avec des camions et les filles, avec des poupées, Mme Mean-East avait multiplié depuis des années au père Noël ses revendications visant à inverser les destinataires de ces cadeaux stéréotypés.  Ceux-ci ne pouvaient bien évidemment qu’accentuer les inégalités homme femme dès l'enfance et confirmer les hommes de demain dans leur statut de privilégiés oppresseurs, et les filles, dans leur inconsciente aliénation aux diktats misogynes et patriarcaux.   Mais le père Noël, cette ordure reconnue, persistait à faire la sourde oreille, tare que son âge avancé ne pouvait qu’accentuer. 

Et c’est à ce propos que Fay Mean-East devait avoir son éclair de génie, évoqué plus haut, et dont voici les motivations.  Tant que le père Noël, ce salaud phallocrate, cet oppresseur millénaire, ce torrent ambulant de conditionnements sexistes, bref cet homme, devait exercer son privilège de rendre les enfants joyeux de façon misogyne, les petites filles continueraient à se trouver heureuses, mais resteraient opprimées. 

Sollicitant un appui auprès de l’imam islamiste Mohammad Ben Salâd, allié naturel des féministes d’État pour la reconnaissance respective de leurs causes et valeurs si accessoirement incompatibles, la militante devait essuyer un refus de ce dernier, pour qui la suppression pure et simple de Noël restait le but à atteindre.  Ben Salâd et ses acolytes  voyaient leur projet en bonne voie de réalisation, avec l’éradication des sapins et de la buche de Noël dans les écoles, de même qu'avec l’interdiction de souhaiter Joyeux Noël dans les édifices publics.  La militante n'allait pas s'avouer vaincue pour autant.

Consciente que les allégations infondées constituent des dommages collatéraux inévitables dans la reconnaissance de la cause des femmes, Mme Mean-East comprit instantanément, ce fameux premier décembre, le parti qu’elle pouvait tirer de la très grande promiscuité que son ennemi désormais juré entretenait avec les enfants.  

Les filles, voici votre ennemi de demain !
Oh, la naturelle délicatesse d’esprit de la féministe n’aurait pas toléré de porter des accusations formelles de pédophilie contre le père Noël, mais la répétition de soupçons adroitement orchestrée, assortie d’enquêtes maisons sur les agressions possibles, bien que non démontrées, sur les enfants par les lutins du phallocratique personnage, ne pouvaient que servir la si louable lutte aux stéréotypes de la militante. 

Bref, une saine diabolisation du père Noël et de ses acolytes, la création et l’entretien d’un climat, d’une atmosphère de suspicion salutairement toxique, pourraient faire la différence entre le maintien de l’autorité patriarcale d’un personnage bassement misogyne et l’inexorable marche de petites filles, l’avenir de l’humanité, vers la libération de leur oppression et vers l’accaparement de leur devenir. 

L’arrestation

Pas moins d’un an fut nécessaire afin de mettre ce plan audacieux à exécution.  Après l’obtention d’un maigre budget de recherche de 150 000 $, Mme Mean-East produisit un étude « démontrant » que les agressions sexuelles sur les enfants avaient tendance à augmenter vers le temps des fêtes.  L’hypothèse que le père Noël, qui visite intensivement à cette époque les foyers, y soit pour quelque chose, devenait donc à considérer sérieusement.  Comme prévu, aucune accusation avérée ne fut formulée; seuls des soupçons légitimement alarmistes furent médiatisés à l’approche du temps des fêtes, dans le cadre de la journée de sensibilisation de la violence faite aux femmes.

Devant de telles révélations, si savamment documentées et émanant d’une féministe d’État, universitaire de surcroit, le chef de police, légitimement perplexe, soutenu dans sa démarche par un juge dument conscientisé, procéda à l’arrestation du père Noël.  La forte médiatisation de l’affaire entraîna nombre de dénonciations de parents bouleversés d’apprendre que l’accusé avait pris leur progéniture sur ses genoux en plus d’entonner systématiquement un rire sonore.  Notre système judiciaire et policier n’avait d’autre alternative que de mettre de côté cet irritant qu’est la présomption d’innocence, l’arme des coupables, et de sévir.

Que de chemin à parcourir…

Forte de cette victoire éclatante sur le patriarcat, Fay Mean-East devait soudainement réaliser qu’elle se trouvait plus que jamais au pied d’une montagne à gravir. 

Combien d’études encore devraient être financées, et d’organismes féministes, se voir toujours davantage soutenus par l’État avant que les filles, l'élite de demain, puissent réaliser leur aliénation ?  Quand pourraient-elles enfin représenter, action positive aidant, 50 %, et surtout plus, des métiers traditionnellement masculins et des postes de pouvoir politique et privé, même quand ceux-ci ne les intéressent pas ?

Combien de temps faudrait-il encore avant qu’elles puissent, loin des stéréotypes, s’affranchir de leur identité sexuelle, acquérir le pouvoir, sur simple accusation, de faire condamner leur agresseur réel ou supposé, et surtout, éviter de sombrer dans le bonheur factice de se voir heureuse à la maison avec des enfants et un conjoint aimant…  Quelle horreur !

Après tout, le bonheur, c’est si antiféministe…

C’est sans doute pour cette raison que Mme Fay Mean-East s’excuse de ne pouvoir vous souhaiter de joyeuses fêtes.  Nous nous substituerons donc à elle pour ce faire, tant que notre État de droit n'aura pas compris que ces vœux frelatés constituent en fait une offense patriarcale, bien sûr…

2 commentaires:

Yvon Dallaire a dit…

Tu t'es vraiment fait plaisir.

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

Oui, Yvon, et j' espère que mon plaisir sera contagieux. Évidemment, certains s'amuseront peut-être un peu plus que d'autres... ;-)

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