mardi 17 janvier 2017

France : la criminalisation du client précarise les prostituées. Surpris ?

C’était écrit dans le ciel. Une évidence incontournable. Il était impossible de ne pas voir venir le – ou les – coup. La victoire des idéologues abolitionnistes en France a de plus en plus un gout amer. Il était pourtant si prévisible que la criminalisation du client de la prostitution aurait davantage d’effets pervers que la légalisation de ce choix professionnel controversé.

La prostitution peut être un choix professionnel.
Cette réalité, si énervante pour nos féministes chéries, doit être prise en considération par les pouvoirs publics et par le législateur, optique qui n'a pas été retenue par la France quand, emboîtant le pas à la Suède, elle a décidé de criminaliser le recours aux services des prostituées. 

Or, la Suède se targue d’avoir fait diminuer de moitié la prostitution de rue depuis l’instauration de cette disposition légale en 1999. La prostitution de rue, je veux bien, mais qu’en est-il de la prostitution… tout court ? Les autorités et le gouvernement suédois ont-ils envisagé la possibilité que la moitié disparue de leur écran radar en soit réduite à la plus dangereuse clandestinité ?

En France, à Paris, plus précisément, des prostituées sont victimes d’agresseurs en série mais redoutent de porter plainte, de peur de perdre leurs clients. Certaines gardent le silence parce qu’elles sont sans papiers et ne parlent pas français. 

Des travailleuses du sexe chinoises, ayant porté plainte, ont vu les policiers arrêter leur proxénète et fermer leur établissement, les privant ainsi de leur gagne-pain.  Mais c’est la pénalisation du client qui est montrée du doigt comme étant la pire entrave au métier de prostituée comme l’indique cet article : 

« Le vote de la loi prostitution en avril, « semble avoir plutôt favorisé les violences à l’égard des prostituées qu’accru leur protection », souligne le rapport.

« Depuis lors, les clients sont passibles d’une amende de 1 500 €, pouvant monter à 3 750 en cas de récidive. Ce qui a causé leur raréfaction et une paupérisation des travailleuses du sexe. Par ailleurs, les clients qui restent sont eux plus enclins à négocier les prestations à la baisse ou le port du préservatif, selon ces associations.


« Les prostituées sont devenues tellement précaires du fait de la pénalisation du client que certaines ont accepté des rapports avec d’anciens agresseurs en espérant qu’ils seraient moins violents », s’étrangle Mme Maffesoli. »


La puissance d’un lobby toxique…


Avant que la France ne commette la même erreur que la Suède, un écrivain, réalisateur et chanteur, Antoine No Lastname, auteur de Délivrez-nous des dogmes, un essai dénonçant l’abolitionnisme, avait déjà tiré la sonnette d’alarme sur les dangers de ce choix aveugle et dogmatique en citant l’exemple du Danemark, qui s’était dissocié de l’optique répressive de sa voisine suédoise :

« Or, son voisin le plus proche (de la Suède), le Danemark, après avoir étudié le bilan du "modèle nordique", ce pays a décidé de ne pas le suivre, car il n'améliorait en rien la situation des sexworkers, et a renoncé à pénaliser le recours à la prostitution; une étude financée en 2010 par le gouvernement danois avait clairement conclu que "la prostitution ne peut pas être traitée comme une entité monolithique et homogène" et que "de nombreux travailleurs sexuels ont choisi leur profession, ils n'y ont pas été contraints." »

Étonnamment, même le gouvernement français allait dans le même sens il y a quelques années à peine, soulignait alors Antoine :

« Et puis à quelques jours des fêtes (en 2012), c'est le gouvernement français qui a publié un rapport révélateur de l'Inspection Générale des Affaires sociales, qui , pour la première fois en France, abordait sans a priori le problème, et déclarait à son tour "qu'il n'y a pas une mais des prostitutions" et que "les seules données disponibles (ne concernent) que la seule prostitution de rue, et ne saurai(en)t être extrapolé(es)", infirmant en cela les chiffres alarmistes proclamés par les abolitionnistes. "La commission a relevé des degrés très variables dans la contrainte ou au contraire dans la liberté" et choisi de souligner la part de libre arbitre dans le choix de cette profession (…) »

Comment expliquer, après pareils constats, marqués au coin du bon sens, que l’État français ait succombé à la dérive suédoise ? Il faut que le lobby féministe abolitionniste soit bien puissant pour avoir entraîné un choix de société aussi consternant. No Lastname n’a pas hésité à dénoncer ces idéologues en termes aussi judicieux que lapidaires : 

« En réalité, les mouvements abolitionnistes, qui prétendent vouloir venir en aide aux prostitué(e)s, sont en très grande part responsables de l'ensemble des maux, violence, précarité, vulnérabilité à l'exploitation, stigmate, qui frappent cette profession. Quand ces mouvements cherchent à vous apitoyer en dénonçant les terribles conditions de travail des prostituées, les attaques dont elles sont victimes, leur espérance de vie plus courte que celle des autres personnes, ils oublient de dire que ce sont eux, et les règlements prohibitionnistes qu'ils ont érigés et qu'ils proposent encore d'aggraver, qui sont la cause directe de toutes ces souffrances. »

Et vlan ! Que dire de plus ? Comment ne pas comprendre, à la suite de l’exemple parisien, à quel point Antoine avait raison. Les fanatiques abolitionnistes reconnaîtront-ils l’étendue de leur erreur ? J’en doute fortement.

Chez ces biens pensants, l’obsession du dogme l’emportera toujours sur les cruels démentis de la réalité. Voilà une raison parmi tant d’autres pour laquelle il faudra, tôt ou tard, que l’État français et même, tout État occidental, en arrive à séparer le féminisme de l’État pour en finir avec l’obscurantisme mortifère de la grande roseur.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Il est grandement temps que les "sex-robots" soit accessible bientôt (comme au Japon). Plusieurs hommes herbivores préfèrent dépenser des milliers de dollars sur un robot au lieu à toute relation avec les femmes qui jugent trop chers, trop risques et perte de temps!

Notre société accepte le sexe, mais pas quand il a un homme et une femme, le cout au sexe pour plusieurs hommes est trop cher et trop risquer (à court et à long terme). Tranquillement, notre société criminalise les hommes simplement parce qu’ils sont des hommes. Même, certain pays, tranquillement pas vite, on instaurer ou songer à avoir des lois pour « taxer d’avantage » les hommes célibataire en âge de mariage.

WOW ! Messieurs, protégé vous (condom), faite vous vasectomiser au plus vite, et faite sur d’avoir des écrits, des audio et visuelle de toute vos interaction avec les femmes et conserver ses preuves dans un endroit sécure, pcq, il peut s’écouler plusieurs années (ou même décennie) avant que la folle vous porte des fausses accusations (simplement regarder M. Jian Gomeshie, ses lettres et courriers lui on sauver (mais pas son travail).

Merci Olivier,

FreeHappyBob

Anonyme a dit…

La prohibition est une méthode particulièrement idiote de lutter contre le problème. Et d'ailleurs, est-ce vraiment un problème ? Les vieux, les moches, les handicapés, les mecs maladivement timides n'ont-ils pas droit au sexe ? Cette interdiction est une mesure essentiellement moralisatrice et hygiéniste, extrêmement déconnectée des besoins d'une certaine partie de la population (tant dans les clients que chez les prostituées). La prostitution doit être encadrée, les travailleuses protégées et les esclavagistes doivent être mis en prison. Un des argument (féministe) pour la légalisation de l'avortement était que cela permettait d'éviter que les femmes se fassent avorter clandestinement. C'est un argument fort. Et c'est également un argument puissant pour la légalisation (et l'encadrement) de la prostitution: éviter la prostitution clandestine qui n'est bonne ni pour le client, ni pour celle qui offre ses charmes. D'ailleurs quiconque a fréquenté des applications de rencontre à but non sexuel (style Tinder) sait pertinemment qu'ils sont bourrés de femmes qui proposent des prestations tarifées. La police va-t-elle se mettre a enquêter aussi sur internet ? Pas facile, car les prostituées sont intouchables légalement. Il faudra filtrer le net, voir qui répond aux annonces, décortiquer les mails, les coups de fil... Une menace de plus pour la vie privée. Bref, solution idiote issue de personnes stupides. La légalisation est la seule solution viable, raisonnable et surtout respectueuse des libertés individuelles. Quand Najat Vallaud-Belkacem dit que tout le monde veut éradiquer la prostituion, elle ne parle qu'en son nom... C'est ELLE qui veut ça, les personnes concernées ne lui ont rien demandé.

Anonyme a dit…

A part ça, la prohibition de la prostitution montre encore une fois le mépris de la sexualité masculine, considérée comme perverse, oppressante et sale. Après tout, pourquoi interdire la prostitution sinon ? Sans connaître les chiffres, je suppose que la majorité des clients ne sont pas violents, pourquoi interdire à ces hommes de se louer les services d'une personne qui est prête, moyennant finance, de le lui offrir alors ? C'est un mystère. On protège donc les femmes contre leur gré, en leur faisant comprendre que "elles croient donner leur consentement, alors qu'elle n'en sont pas capable". On est donc encore et toujours dans le féminisme nocif, castrateur, moralisateur et méprisant pour le genre masculin et tout ce qu'il représente. Et également dans la victimisation, la surprotection de la femme, considérée comme l'éternel jouet du vilain mâle.

Une première depuis 2009 : Blogger retire l'un de mes billets.

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