lundi 5 juin 2017

Une journaliste soi-disant victime de « propos dégradants »...

Dans une manchette parue le 2 juin dernier avec pour surtitre « Propos dégradants concernant une journaliste », on aurait pu s’attendre à des commentaires injurieux, méprisants, sexistes ou grossiers.  La journaliste en question, Monic Néron, « ciblée par des propos dégradants émis par un enquêteur de la police de Laval », nous dit TVA, semblait toujours sous le choc desdits propos.

Monic Néron, vraiment victime ?
Voici maintenant les faits, tels que rapportés par le même média : « Dans un affidavit, un enquêteur a avancé qu’un policier lui aurait coulé de l’information parce qu’il voulait coucher avec elle. Dans un communiqué émis hier, la police a indiqué «déplorer» ces propos, mais ne présente pas d’excuses à proprement parler. »  Franchement, je ne vois pas pourquoi elle devrait.
«(…) Non seulement on a dit ça, mais on l’a écrit dans un affidavit, et ça s’est rendu jusqu’à un juge, qui a signé ça. Qui plus est, une fois qu’on a eut écarté cette option, on l’a laissé dans des affidavits subséquents, déplore la journaliste. »
Et après ?
J’ai beau chercher dans cet article ce qui a bien pu à ce point insulter Mme Néron, je ne trouve pas.  Un enquêteur aurait voulu coucher avec elle, bon, ça arrive, la nature étant ce qu’elle est.  Qu'il aurait souhaité échanger de l’information privilégiée contre des faveurs sexuelles, c’est nettement plus grave au plan de la déontologie et de l’éthique policières, à condition, bien sûr, que ces faits se sont produits.  Si donc une telle affirmation met quelqu’un dans l’eau bouillante, c’est l’enquêteur et non la journaliste.
Tout ce qu’on sait, c’est que le policier aurait voulu « coucher avec elle » et non qu’il était parvenu à ses fins.  Il me semble que si tel avait été le cas, l’affidavit aurait été explicite sur une question aussi incriminante.  Le fait que de l’info ait été « coulée » n’indique en rien que des rapports sexuels auraient été consentis s'ils avaient été sollicités.
Parce qu’elle est une femme…
Cette « nouvelle » n’aurait pas été complète sans une prise de position engagée dénonçant le « machisme » policier : « Elle (Mme Néron) souligne aussi que c’est inquiétant de voir comment on considère les femmes dans certaines strates du département des enquêtes à Laval. »
Le média renchérit : « (…) Mais comme elle est une femme, on a suggéré que c’était possiblement parce «qu’elle couche avec lui». Une situation «insultante» et «injuste», parce qu’on n’aurait jamais dit ça de ses collègues masculins.  La majorité des policiers étant, comme les hétérosexuels, majoritaires, on peut comprendre…
La police de Laval a-t-elle vraiment été sexiste ?
La journaliste ajoute : «Si les policiers me font confiance, ou si je suis capable de sortir un scoop une fois de temps en temps, c’est nécessairement parce qu’il y a autre chose qui se cache derrière ça, ironise-t-elle. Ça ne peut pas être parce que je fais bien mon travail, parce que je me promène du matin jusqu’au soir dans les palais de justice. C’est sûr que non...»
Personnellement, je ne serais pas surpris que certains policiers, entre eux, se livrent à ce genre de commérage, mais en ce qui concerne les documents officiels, la probité de Mme Néron n’est nullement en cause.  Je le répète : si quelqu’un pâtit de cet affidavit, c’est le policier qui aurait éventuellement voulu coucher avec la journaliste.
Le respect des faits
Prenons pour hypothèse que l’auteur de l’affidavit incriminant ait de bonne foi constaté qu’un policier ait coulé des renseignements privilégiés en espérant obtenir des faveurs sexuelles, aurait-il dû taire une information aussi importante pour épargner la susceptibilité de Mme Néron ?  Après tout, il était question de souligner un manquement grave à l’éthique du policier.  L’auteur aura commis une seule erreur : ne pas insister sur le fait qu’aucune faveur sexuelle n’aurait été accordée.   Mais pouvait-il être aussi catégorique ?
Dernière observation : l’affidavit incriminant relevait de la gestion interne du corps policier.  En médiatisant une telle tempête dans un verre d’eau, Mme Néron ne risque-t-elle pas d’étendre au grand public une information qui aurait dû rester confidentielle, avec tous les commérages qu’elle pourra susciter ?  Il peut y avoir un prix à payer à tant vouloir attirer sur soi l’attention en jouant la carte de la dignité outragée…

9 commentaires:

Prof Solitaire a dit…

Je ne savais pas sous quel angle attaquer cette histoire, mais tu l'as fait comme un maestro. Bonne job!

Anonyme a dit…

Je suis abasourdie, , un homme qui voulait faire le sexe avec une femme !
Mais qu’est ce qui ce passe dans ce monde de fous ?

Anonyme a dit…

«Anonyme a dit...

Je suis abasourdie, , un homme qui voulait faire le sexe avec une femme !»

Il faut lire l'article avant de mettre au pilori tout un chacun aec des jugements hâtifs!

Jacques Vandersleyen

fylouz a dit…

Ridicule. Article totalement biaisé. Elle a quand même le droit de se sentir insultée et de le proclamer. Si quelqu'un se permettait de remettre en cause la qualité de mon travail, je ne réagirais pas autrement. Est-ce si difficile à comprendre ?

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

Aucun rapport, vous passez à côté du sujet. Réfléchissez plus et insultez moins.

fylouz a dit…

"Réfléchissez un peu plus et insultez moins" ? "Aucun rapport" ?
Mais on dirait que vous parlez de vous à la troisième personne là.
Pouvez-vous pointer à quel endroit dans ma réaction de trois lignes je vous insulte ?

Voici des extraits d'un article paru dans un journal bien connu pour ses penchants gauchistes et féministes : http://www.journaldemontreal.com/2017/06/01/commission-chamberland-un-sergent-de-laval-dans-leau-chaude

Extraits :
"Un des collègues de M. Digenova, Anthony Donato, suspectait qu’il ait parlé à la journaliste «parce qu'il voulait la fourrer» et qu’il avait «pensé avec sa graine», peut-on lire dans une déclaration sous serment.
Devant la Commission jeudi, le policier retraité Jean Joly a quant à lui dû expliquer pourquoi il avait demandé à Dominico Digenova s’il avait «couché avec la journaliste» lorsque le policier est venu lui faire ses aveux.
«Je connais le personnage. [...] Je ne veux pas entacher la réputation de M. Digenova, mais il était connu qu’il aimait bien les femmes, donc il y avait une possibilité», a déclaré M. Joly."

fylouz a dit…

Ironique, non ? Si c'était une femme qui avait proféré de tels propos, vous l'auriez sans doute sévèrement dénoncé, et fort justement ! Donc, je suis un homme, j'aime les femmes. Par conséquent, je vais coucher avec parce qu'elles attendent des informations de ma part. Rien à voir avec mon physique, ma mentalité, mes sentiments, que sais-je ?

Et avez-vous noté le langage fleuri utilisé ? "Fourré", "pensé avec sa graine" ?
Bien évidemment, je suppose que si M. Dominico Digenova avait été homosexuel et qu'il s'était adressé à M. Néron. Ben, y'aurait rien là. M. Néron n'aurait aucune raison de s'indigner. Peut-être même devrait-il se sentir flatté au vu du physique de M. Digenova.

Vous noterez aussi cette partie : "pourquoi il avait demandé à Dominico Digenova s’il avait «couché avec la journaliste»
Bon, c'est pas très correct comme tournure de phrase et cela peut s'entendre de différentes manières, mais l'une d'elle serait - je pense, à mon humble avis de vermisseau sans cervelle (je fais de l'ironie, là, avertissement) - que M. Jean Joly pense sans le moindre doute que M. Digenova a effectivement couché avec Mme Néron. Il a des preuves de ça ? Vu le battage médiatique autour de cette affaire, on devrait savoir si Mme Néron et M. Digenova ont effectivement eu des rapports sexuels et si c'était le cas, cela devrait entraîner la fin de la carrière aussi bien de l'une que de l'autre. Enfin, dans un monde idéal, ils devraient tous les deux être sanctionnés et perdre leurs jobs ! Mais il m'arrive d'être un peu perdu : vivons nous dans une société patriarcale (et dans ce cas la job de M. Digenova est sécure) ou dans une société dominée par les féministes (et dans ce cas c'est celle de Mme Néron qui l'est).


fylouz a dit…

"Plus tôt en matinée, on apprenait qu’un sergent a continué d’indiquer à une juge que Dominico Digenova pourrait avoir transmis de l’information à Monic Néron dans l’espoir d’avoir des relations sexuelles avec elle, même une fois que ce motif eut été écarté."

Mettez-vous, je vous prie, deux minutes (ou une, ou trente secondes, ou 1/4 si vous voulez) à la place de Mme Néron. Imaginez que l'on s'adresse à vous pour vous apporter des preuves formelles et sérieuses, écrites, recensées, noir sur blanc, etc. qu'il existe un complot féministe international dont le but est l'élimination des hommes (oui, je sais, je force un peu sur le trait). Voilà que votre source est découverte et avoue sa culpabilité. Vous apprenez alors qu'on lui a demande (à lui ou à elle) si il/elle avait fait ça pour vous "fourrer" et parce qu'il "pensait avec sa graine" ou elle "pensait avec ses ovaires" ?
Vous ne vous sentiriez pas un tout petit peu insulté là ? Non ? Même pas un tout, tout petit peu ? Ah bon. Ben, acceptez toutes mes excuses alors. Votre niveau de Karma est manifestement de celui du Dalai Lama, au moins.

A part ça, j'aimerais juste souligner que j'ai découvert votre blogue grâce au Prof Solitaire et que je le trouve très intéressant. Peut-être aurais-je du commencer par des compliments comme commentaires.

J'ai aussi imprimé quelques uns de vos articles : "La violence féminine, six fois plus répandue qu'on le croit..."
"Selon les Calacs : baisse de 25% des agressions sexuelles en 2011".
"1 femme sur 4 agressée sexuellement : une énigme statistique".

Je compte les présenter à mon psy dès que je le vois (oui, je vois un psy, ça explique sans doute mon premier commentaire) qui n'avait pas l'air de me croire lorsque je lui parlais des manipulations féministes et des agressions d'hommes par des femmes. A l'entendre, c'est physiquement impossible, pourtant il me semble qu'il a été prouvé qu'un homme pouvait avoir une érection sous contrainte et qu'une femme violée pouvait avoir un orgasme, ce qui ne veut nullement dire qu'il n'y a pas agression pas plus qu'il n'y a participation volontaire de la victime à quelque moment que ce soit, même si il/elle ne crie pas, ne hurle pas "au secours", etc.

Bref, en tout cas, vous m'avez l'air d'être un (tout petit peu) à fleur de peau, peut-être même écorché vif, mais ça n'est pas une raison pour ne pas lire attentivement les commentaires négatifs ou neutres qui vous sont fait (surtout quand ils sont aussi courts). Vous avez déjà eu le même genre de réaction suite à un commentaire que j'avais laissé sur le blogue du Prof et l'impression que j'avais eu c'est que vous ne l'aviez tout simplement pas lu.

fylouz a dit…

Oh, et en passant, on parle d'officiers de police, là. Pas de types lambda pris dans une conversation dans un bar autour d'un pichet de bière. Est-ce trop demander de représentants de la loi d'afficher une certaine réserve dans leurs propos et un respect minimum des valeurs humaines ? Non ? Ah bon, ben c'est correct alors, mais je pense que le Canada glisse sur une mauvaise pente dans ce cas.

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